Le dessinateur (infographe etc…) Patrick Mamia du Cameroun.
Par un après-midi d'été 2005, alors que Patrick Mamia flâne sur les berges du port Saint-Nazaire de Nantes en France, il tombe sur quelques objets désuets qui ont servi à la déportation des esclaves de l'Afrique vers l'Europe. C'est alors qu'il décide de réaliser une bande dessinée sur la traite négrière qui a appauvri l'Afrique pendant plusieurs siècles.
Samedi dernier, à l'hôtel de ville de Yaoundé, il était au four et au moulin, pour expliquer le bien-fondé de son œuvre. " Une dizaine de planches sont prêtes. La bande dessinée sera en couleur. Je fais un travail poussé, parce qu'il retrace la vie d'un peuple, d'un continent, d'une race. Je veux faire comprendre aux jeunes Africains et à ceux du monde entier l'histoire de l'Afrique à travers le dessin ", dit-il. L'intrigue de cette bande dessinée se déroule dans un village paisible lobé dans la forêt équatoriale africaine. " Un sorcier cherche sans cesse à décimer les habitants. Mais, pendant que ces derniers réfléchissent sur la méthode efficace pour l'anéantir, ils apprennent que des êtres étranges ont envahi les abords du village. Sans plus attendre, ils se lancent à leur poursuite, dans l'espoir de les capturer et de les soumettre aux travaux forcés. Cependant, les envahisseurs s'avèrent plus dangereux. Grâce aux armes et aux munitions, ils capturent les villageois par vague, les déportent vers une terre lointaine et les soumettent aux travaux forcés ".
Ce n'est pas un hasard si Patrick Mamia s'intéresse à cet événement historique datant de plusieurs siècles. " J'habite Nantes depuis bientôt quatre ans. Et beaucoup d'Africains y vivent. Je sais que c'est également là-bas que les bateaux accostaient pour rallier l'Amérique. C'est très émouvant ce que je vois au quotidien ", reconnaît-il. Il réalise ces dessins sous la coordination du professeur Jean-Claude Fournier de l'Ecole Pivot. La tâche est fastidieuse, mais le jeune homme s'accroche.
Né en 1983, il a d'abord étudié les mathématiques à la Faculté des sciences de l'université de Yaoundé I, avant d'aller pratiquer le dessin professionnel en France. Il y a deux ans, avant que l'université de Yaoundé I ne fasse sa grande toilette, les murs de la clôture, à l'entrée de la cité universitaire, portaient encore les dessins de Patrick Mamia. C'était son hommage à Marc Vivien Foé, le footballeur camerounais décédé en plein match. Les murs du dispensaire de Mvog-Ada, ainsi que ceux de l'ancienne gare Sotuc, au quartier Nlongkak à Yaoundé, portaient également sa griffe. Diplômé de l'Ecole Pivot en bande dessinée, illustration et photographie, en 2007, il dit nourrir beaucoup d'ambitions pour le dessin, car c'est une manière
originale d'informer
Irène Gaouda